Au moins neuf cents maisons de tolérance ont été identifiées dans la ville de Butembo et dans la commune rurale de Lubero, situées dans la province du Nord-Kivu. Ces chiffres proviennent d’un rapport publié par l’organisation de défense des droits humains, Point Important de l’Agriculture à Butembo (IPAB/ASBL).
L’IPAB appelle le ministre de la Justice à constater les violations des droits humains observées dans ces établissements et à sanctionner les responsables. Dans une interview accordée à la Radio des Montagnes Bleues de Butembo (RMBB) ce mardi 12 novembre 2024, Maître Tsongo Silutondwa Baghunda, coordinateur de l’IPAB, a expliqué que son organisation avait été alertée en septembre dernier par deux jeunes. Orphelins originaires de la localité d’Alimbongo, au sud du territoire de Lubero, ces derniers se trouvaient employés dans la vente de boissons alcoolisées à Butembo afin de subvenir à leurs besoins. Cette alerte a motivé une enquête de l’IPAB, qui a identifié 800 maisons de tolérance à Butembo et 180 à Lubero-Centre. Seuls quelques quartiers de Butembo, tels que Vichaï, Londo, Mutiri et Vutsundo, ont été inclus dans le périmètre de l’enquête. Selon Maître Silutondwa, la situation reste néanmoins alarmante.
«Dans les zones de Butembo que nous avons pu inspecter, nous avons découvert 800 maisons de tolérance, tandis qu’il y en a 180 dans le centre de Lubero. C’est une situation grave. Le constat inquiétant est que la majorité des jeunes qui y travaillent sont des mineurs, exploités au bénéfice des propriétaires de ces établissements », a-t-il déclaré.
L’IPAB envisage de mener un plaidoyer auprès du ministre de la Justice afin de diligenter des enquêtes approfondies sur ces violations des droits humains et d’en traduire les auteurs en justice. Maître Silutondwa prévoit également de solliciter l’intervention des autorités locales pour que des mesures soient prises contre les responsables de ces maisons de tolérance. En attendant, il lance un appel à la communauté pour qu’elle lutte contre cette pratique : « Nous exhortons les parents à ne jamais confier leurs enfants sans s’assurer de la nature du travail proposé. Aux tenanciers de maisons de tolérance, nous rappelons que l’exploitation des mineurs est une infraction passible de sanctions par la loi », a-t-il averti.
Il déplore par ailleurs le fait que nombre de ces établissements appartiendraient ou seraient soutenus par des autorités censées lutter contre de telles pratiques. L’IPAB s’engage à élargir ses investigations à l’ensemble de la ville de Butembo et de ses environs pour éradiquer l’exploitation des mineurs dans la région.
Stanley Muhindo