À Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, la population vit une double peine ;une guerre injuste qui détruit leur quotidien et un système bancaire qui accentue leurs souffrances. Depuis plusieurs semaines, toutes les banques locales sont incapables de répondre efficacement aux demandes de retraits en espèces. Les files d’attente interminables, les délais de traitement allant jusqu’à cinq jours pour retirer 1 000 dollars, et les distributeurs automatiques hors service alimentent la frustration des habitants.
Les conséquences sont dramatiques, en particulier pour les entrepreneurs locaux, dont les activités sont paralysées, et pour les familles qui peinent à se préparer aux festivités de fin d’année. Les enseignants, fonctionnaires et policiers sont également pris en otage par cette situation, peinant à percevoir leurs salaires.
Une crise liée à la guerre et aux assurances bancaires
La cause principale de cette crise réside dans les restrictions imposées par les assureurs des banques, qui craignent une chute de Goma entre les mains des rebelles du M23. Ces derniers pourraient s’emparer des fonds en stock en cas de prise de la ville. Par conséquent, les banques préfèrent limiter les transferts de fonds vers Goma, ne les acheminant qu’au compte-gouttes afin de minimiser les risques.
Face à cette situation, certains habitants n’ont d’autre choix que de parcourir de longues distances, se rendant à Bukavu ou Kinshasa pour retirer leur argent avant de revenir à Goma.
Les clients des banques fustigent également les mensonges et le mépris affichés par certaines institutions financières, qui évoquent des prétextes comme des pannes de connexion internet ou le manque de grosses coupures pour justifier leur incapacité à servir les clients. Lorsqu’ils parviennent à retirer de l’argent, ils se retrouvent souvent avec des billets abîmés, et rarement plus de 500 dollars par jour.
Appel à la transparence et à la solidarité
Si les préoccupations sécuritaires des banques sont compréhensibles, leur manque de transparence et de considération pour les clients est vivement critiqué. Les habitants de Goma demandent aux banques de reconnaître la réalité, à savoir que leurs mesures visent à protéger leurs fonds en cas de prise de la ville par les rebelles.
Dans ce contexte de crise humanitaire et économique, il est crucial que les institutions financières adoptent une posture plus solidaire et proposent des solutions adaptées aux besoins urgents des habitants. Une meilleure communication et des efforts pour garantir l’accès aux liquidités seraient un premier pas vers le rétablissement de la confiance.
Signalons que, Cette crise bancaire met en lumière les défis auxquels est confrontée la population de Goma, entre l’insécurité persistante et les difficultés économiques. Les banques sont appelées à agir rapidement pour alléger les souffrances des habitants, en particulier en cette période de festivités, où le manque d’argent liquide risque de gâcher encore davantage le moral des familles.
Mérite BAHOGWERHE JEAN-PAUL