Le projet de révision constitutionnelle annoncé par le président Félix Tshisekedi continue de susciter une vive opposition en République Démocratique du Congo. Lors de son adresse à la nation, le 11 décembre 2024, devant le Parlement réuni en congrès, le chef de l’État a réaffirmé sa détermination à doter le pays d’une nouvelle Constitution. Une démarche qui divise et déclenche une levée de boucliers au sein de l’opposition et d’une partie de la société civile.
Vendredi 13 décembre 2024, à Goma, les principales formations politiques de l’opposition se sont réunies dans les locaux de Ensemble pour la République Nord-Kivu 1 pour dénoncer ce projet qu’elles jugent inopportun. Parmi les participants figuraient des représentants du PPRD de Joseph Kabila, de l’ECIDE de Martin Fayulu, de l’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, ainsi que des leaders locaux tels que Théo Binamungu, coordinateur régional d’Ensemble pour la République.
Dans une déclaration commune, Simon Dioka, cadre de l’AARC, a souligné que le pays est confronté à des défis majeurs, notamment sécuritaires, et que toute tentative de réforme constitutionnelle détournerait l’attention des priorités nationales. « Le Nord-Kivu est une province de résistance. Nous ne permettrons pas que notre peuple soit manipulé par un régime qui ignore les véritables préoccupations de la nation », a affirmé M. Binamungu.
Les critiques de l’opposition s’appuient principalement sur le contexte sécuritaire préoccupant du Nord-Kivu, où 60 % du territoire échappe encore au contrôle de l’État en raison de la présence de forces étrangères, notamment le M23 soutenu par le Rwanda. « La paix doit rester la priorité des priorités », a déclaré Simon Dioka. Selon lui, insister sur une révision constitutionnelle, alors que des localités entières demeurent sous occupation étrangère, est une preuve de mépris envers les Congolais.
Bruno Mwitoherhe, président fédéral du LGD au Nord-Kivu, abonde dans le même sens : « Au lieu de s’attaquer aux problèmes réels du pays, Félix Tshisekedi s’emploie à changer la Constitution pour des intérêts égoïstes. Le Nord-Kivu, comme le reste du pays, attend des solutions idoines à des défis urgents. »
Dans leur déclaration commune, les leaders de l’opposition dénoncent également des pratiques qu’ils jugent autoritaires de la part du régime en place : instrumentalisation de la justice, répression des journalistes et activistes, et gestion opaque des deniers publics. Ils rappellent que l’article 219 de la Constitution actuelle rend certaines dispositions intangibles, notamment celles relatives à la limitation des mandats présidentiels.
L’opposition accuse en outre le président Tshisekedi d’avoir fait chanter l’hymne de son parti, l’UDPS, lors de la récente conférence des gouverneurs, au lieu de l’hymne national, un acte qualifié de « grande honte nationale ».
Cette crise intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes à l’approche des élections générales. Si Félix Tshisekedi cherche à imposer sa vision d’une nouvelle République, l’opposition semble déterminée à mobiliser la population pour empêcher tout passage en force.
« Nous disons non à cette tentative d’instaurer une dictature en RDC », conclut la déclaration commune des forces de l’opposition. Elles appellent à une vigilance accrue et promettent des actions de grande envergure si le gouvernement persiste dans cette voie.
Guellord Risasi