Depuis que le mouvement rebelle M23 contrôle la commune de Kirumba, dans le sud du territoire de Lubero, au Nord-Kivu, la population fait face à une crise alimentaire alarmante.Les habitants, majoritairement agriculteurs, sont interdits d’accès à leurs champs, notamment ceux situés autour des positions militaires des rebelles.
Cette interdiction, instaurée par les autorités du M23, vise à prévenir d’éventuelles attaques menées par de jeunes Wazalendo, des résistants locaux opérant dans les environs. Les rebelles soupçonnent ces jeunes de s’infiltrer parmi les agriculteurs pour collecter des informations en vue d’organiser des attaques.
Cependant, cette mesure, dont la durée n’a pas été précisée, plonge les 99 % de la population agricole de Kirumba dans un véritable calvaire. Les zones agricoles clés, telles que Kipuli et Katwa à l’est, Kisuyi au sud, et Itungi au nord, sont désormais désertées.
« À la concession Mulemberi, située au sud-ouest, personne n’ose plus mettre les pieds, alors que cette zone regorge de champs essentiels pour notre survie, notamment de manioc, haricots et patates douces », déplore un habitant.
Violences et abus dans les zones interdites
Les rares individus qui tentent d’accéder à ces zones agricoles font face à des violences graves. Les témoignages font état de viols, de meurtres, d’enlèvements et de passages à tabac infligés par les rebelles.
« C’est particulièrement à Katwa et dans la plantation Mulemberi que les pires atrocités sont commises. Beaucoup de personnes parties chercher de quoi nourrir leur famille ne sont jamais revenues, laissant leurs proches sans nouvelles ni espoir », affirme un défenseur des droits humains sous couvert d’anonymat.
Privés de leur principale source de subsistance, les responsables des familles se retrouvent dans l’incapacité de nourrir leurs proches. Face à cette détresse, ils lancent un appel pressant aux autorités congolaises pour rétablir l’autorité de l’État et mettre fin à cette situation.
La reconquête de cette région, où la faim et les abus se conjuguent pour détruire des vies, est désormais un impératif humanitaire et sécuritaire.
Stanley Muhindo