Trois ans après l’instauration de l’État de siège dans la province du Nord-Kivu, la situation semble plus préoccupante que jamais. Selon Lumumba Kambere Muyisa, un activiste de la ville de Goma, les effets de cette mesure d’exception sont de plus en plus ressentis par la population, qui dénonce une gestion jugée opaque et enrichissante pour les autorités militaires.
Des chiffres alarmants accompagnent cette critique. Sous le gouverneur civil, la construction d’un kilomètre de route pavée coûtait entre 400 000 et 550 000 dollars. Aujourd’hui, sous la gouvernance du gouverneur militaire intérimaire, Peter Chirimwami, le même kilomètre est facturé à 1,2 million de dollars. La tendance se poursuit avec les routes bitumées, passant d’un coût de 1,1 million de dollars à 2,6 millions de dollars dans les mêmes conditions.
À Béni, une région durement touchée par les violences des ADF depuis 2014, le constat est tout aussi préoccupant : la construction d’un kilomètre de route s’élève désormais à 2,9 millions de dollars, confiée à la société SSV de Maman Getou. Cette situation suscite des interrogations quant à la gestion des fonds publics et à l’efficacité des autorités militaires.
« Pourquoi maintenir cet État de siège qui échoue à ramener la paix tout en permettant à ses animateurs de s’enrichir illicitement sur le dos de la population meurtrie ? » s’interroge Kambere Muyisa.
Pour lui, la levée de cette mesure d’urgence pourrait mettre fin à ces dérives et permettre un retour à l’ordre constitutionnel, avec une Assemblée provinciale capable de contrôler l’exécutif.
Signalons que les autorités sont appelées à réagir face à cette situation, qui met en lumière les enjeux de gouvernance dans une province déjà fragilisée par des années de conflits. La population du Nord-Kivu attend des réponses concrètes pour sortir de cette impasse.
Mérite BAHOGWERHE JEAN-PAUL
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