Dans un discours remarqué, Mgr Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni en République démocratique du Congo (RDC), a lancé un appel à une réflexion profonde sur la gouvernance et les réformes institutionnelles. « C’est vrai que la Constitution n’est pas une Bible pour ne pas être modifiée. Mais il faut aussi peut-être changer les hommes incapables au lieu de changer la Constitution », a-t-il déclaré, soulignant les limites d’une approche purement structurelle face aux défis politiques.
Cette prise de position intervient alors que la RDC, à l’instar de nombreux pays africains, se trouve régulièrement confrontée à des débats sur la nécessité de réviser sa loi fondamentale. Ces initiatives, souvent justifiées par des enjeux d’adaptation ou de modernisation, sont parfois perçues comme des manœuvres politiques visant à maintenir ou renforcer le pouvoir en place.
Pour Mgr Sikuli Paluku, si les Constitutions ne sont pas immuables et peuvent évoluer, leur modification ne saurait masquer les carences d’un leadership inadapté. Cette déclaration invite à reconsidérer l’approche adoptée par de nombreux dirigeants, au lieu de chercher des solutions dans des ajustements législatifs, l’urgence réside dans l’émergence de responsables compétents, éthiques et capables de répondre aux aspirations des citoyens.
L’observation de l’évêque met en lumière une problématique universelle , la tentation de réformer les cadres juridiques pour pallier des dysfonctionnements profonds. Dans plusieurs pays, ces ajustements constitutionnels sont utilisés comme des outils pour résoudre des crises immédiates, sans s’attaquer aux causes structurelles telles que la corruption, l’absence de redevabilité ou l’incompétence des élites.
En ce sens, les propos de Mgr Sikuli Paluku rappellent que la qualité des institutions repose autant sur la solidité des textes que sur la probité et la compétence de ceux qui les incarnent.
Une réforme structurelle, aussi bien intentionnée soit-elle, ne peut produire les effets escomptés si elle n’est pas accompagnée d’un renouvellement des pratiques et des mentalités.
Cette réflexion, au-delà des frontières congolaises, invite les citoyens, les décideurs et la société civile à repenser leur rapport à la gouvernance. Elle souligne également l’urgence de promouvoir un leadership capable de porter des réformes structurelles tout en incarnant les valeurs d’éthique et de responsabilité.
À l’heure où les nations africaines, et bien d’autres à travers le monde, cherchent à concilier stabilité institutionnelle et développement socio-économique, le message de Mgr Sikuli Paluku s’impose comme un appel à privilégier la qualité des dirigeants plutôt que la fréquence des réformes.
Mérite BAHOGWERHE JEAN-PAUL
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