Le matin du jeudi 7 novembre 2024, un événement inattendu a secoué les habitants de la ville de Goma. Un tracteur a été utilisé pour démolir une partie de la concession de la Communauté Musulmane du Congo (COMICO) ainsi qu’une autre section appartenant à un particulier, un homme d’affaires reconnu dans la région.
Selon plusieurs notables de la ville, il est bien établi que cette concession, située non loin de l’ancien tribunal de grande instance, appartient à la communauté musulmane et il est inconcevable qu’un individu, inconnu de la population, prétende en être le propriétaire. Pour certains observateurs, la spoliation de terres est devenue une pratique courante, avec des autorités locales souvent perçues comme incapables de faire respecter la loi.
Dans une interview accordée à la presse quelques minutes après la démolition, Abdoul Pilipili Mulemeri, député provincial honoraire et l’un des responsables influents de la communauté musulmane au Nord-Kivu, a vivement dénoncé cet acte, qu’il qualifie de sabotage. Selon lui, l’auteur de cette destruction se croit intouchable, profitant de la situation pour semer le chaos dans une affaire déjà jugée par la justice.
« Il est difficile de comprendre comment cet acte a pu se produire alors que notre communauté détient tous les documents légaux depuis 2009. Malheureusement, le gouverneur militaire, Constant Ndima, avait à un moment donné demandé au conservateur des titres immobiliers de modifier nos titres. Cependant, il est revenu sur sa décision plus tard », a déclaré M. Mulemeri, visiblement indigné.
Il a également rappelé que la communauté musulmane du Congo, propriétaire de cette parcelle depuis 2003, a déjà gagné plusieurs procès, notamment contre un certain Kapitula, à qui la justice n’a jamais reconnu de droit sur cette terre. « Nous avons été en procès avec Kapitula jusqu’à Kinshasa, et il a échoué, n’ayant aucune preuve légale pour revendiquer cette concession », a-t-il précisé.
Mulemeri a également dénoncé la situation de plus en plus complexe autour de l’individu connu sous le nom de Bertin, un prétendu « propriétaire » de la parcelle, et dont l’implication dans des affaires de spoliation a été largement critiquée. « Bertin est un expert en spoliation, et je me demande par quel miracle il a obtenu des documents lui permettant de prétendre à cette propriété », a-t-il ajouté, déplorant le recours à la violence et au trafic d’influence pour arriver à ses fins.
Le député honoraire a également évoqué la démolition de la parcelle voisine, appartenant à un particulier, Issa Mwebetsi, victime collatérale de cette entreprise de destruction. « Il est impératif de souligner que cet acte ne touche pas seulement la COMICO, mais également d’autres citoyens innocents », a-t-il insisté.
Face à cette situation, Mulemeri appelle à une intervention rapide des autorités judiciaires et sécuritaires. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant cette destruction injustifiée. Nous allons poursuivre Bertin en justice et attendons des éclaircissements sur les responsabilités de ses complices, dont deux ont déjà été arrêtés », a-t-il annoncé. Il a également interpellé le premier président de la cour d’appel du Nord-Kivu, l’accusant d’avoir influencé des juges pour accorder des documents frauduleux à Bertin.
Signalons que , cet acte de spoliation est une attaque indirecte contre la communauté musulmane, une communauté importante du pays, et que les responsables de ce délit devront rendre des comptes devant la justice.
Guellord risasi